Angles Vifs

« A mesure que l’homme avance dans la vie »..

Demain, j’ai rencontré Baudelaire. J’aurai douze ans. La lumière s’écoule lentement sur ma peau encore jeune.

Je ferme les yeux et ses mots m’emportent dans ses rêves sans fin. 

Hier… hier lorsque tu demandais grâce à l’opium, « l’alchimie de la douleur », mon esprit vagabondait sur le salut de l’Ame, une « invitation aux voyages » sans retour. Mais voilà, la Beauté et son idéal inaccessible, ce souffle de vivre laissant de côté le funeste spleen, me montrait que le funèbre automne n’a pas sa place… Pas encore… « Quand le ciel bas et lourd…. »

Aujourd’hui, aux couleurs d’Arthur, tu m’offres un jardin de rose lorsque la lune suspendue s’invite à ma table. Je visite bien souvent tes rivages. Je cultive ma solitude à l’ombre de tes rimes où la pluie pleure les pays des chimères. J’apprends à regarder le soleil et lorsque les souvenirs viennent flotter dans ma mémoire, je les irise d’un poème maladroit où souvent ton image en reflet diaphane et au souffle léger donne au crayon mes rêveries fragiles et mes espérances d’un avant-hier meilleur.

Je n’aurai jamais ton génie mais si un jour je deviens un simple guetteur de nuages aux mots réalités, si pour avant-hier je pourrai « devenir un homme utile » par « mon cœur mis à nu », alors aussi brève que ma vie aura pu être sur cette terre, je saurais que j’ai existé…